dimanche 19 juin 2011

L’effet de levier de l’immigration

Une étude récente établit une corrélation entre l’arrivée de nouveaux immigrants et la hausse des exportations dans leur pays d’origine.
Par : Paul Gallant

Le Canada a longtemps considéré l’immigration comme un précieux moteur capable d’assurer la croissance de son marché intérieur et d’irriguer son économie grâce à une main-d’œuvre qualifiée. Mais de nouvelles données indiquent que l’immigration constitue également un facteur déterminant en ce qui concerne l’expansion des marchés étrangers.
D’après un récent rapport du Conference Board of Canada, Immigrants as Innovators Boosting Canada’s Global Competiveness, il existerait une relation directe entre l’essor de l’immigration et l’augmentation des importations et des exportations à l’étranger, et ce, indépendamment de la richesse, de l’éloignement géographique ou de la langue de l’autre pays.
Ainsi, au Canada, une hausse de l’immigration de l’ordre de 1 % donne lieu à une progression des exportations de 0,11 % – ce qui semble bien peu, jusqu’à ce qu’on convertisse ce résultat en dollars.
« Si 217 nouveaux immigrants japonais faisaient leur entrée au pays, la valeur de nos exportations annuelles vers le Japon bondirait de plus de 11 millions de dollars, d’après la valeur moyenne des exportations vers ce pays de 2004 à 2008 », explique le rapport publié en 2010.
De l’avis de son auteure, Michelle Downie, chargée de recherche principale au Conference Board, c’est parce qu’ils possèdent des réseaux professionnels et sociaux, des compétences langagières et une bonne connaissance de leur culture d’origine que les immigrants facilitent l’établissement de relations internationales.
« Les entreprises accordent parfois trop d’importance à l’expérience canadienne (autrement dit, à la maîtrise de l’anglais et à la façon dont les gens s’intègrent à notre culture) sans tenir compte de l’atout que représente le bagage international des immigrants », déclare Michelle Downie.
Pour illustrer son propos, le rapport donne l’exemple des Philippines, dont le taux d’immigration vers le Canada a grimpé plus rapidement que celui de tout autre pays au cours de la dernière décennie. « De 1999 à 2008, le prix des marchandises canadiennes exportées aux Philippines a progressé de 360 millions de dollars en 1999 (en dollars indexés selon la valeur de 2008) à près de 560 millions de dollars en 2008 », souligne le rapport. « Or, la majoration de la valeur des exportations vers les Philippines coïncide avec l’augmentation du nombre de résidents permanents issus de ce pays. »
Une nouvelle étude réalisée en Espagne fait écho aux données canadiennes. De 1995 à 2008, l’immigration a explosé, passant de 1 % à 10 % de la population. Pendant ce temps, le commerce international s’est également intensifié, représentant de 35 % à 44 % du PIB espagnol.
« Par l’entremise de leurs réseaux professionnels et sociaux, les expatriés stimulent la diffusion de l’information et réduisent le coût des échanges commerciaux avec leur “mère patrie” », écrivent Giovanni Peri, de l’Université de la Californie, et Francisco Requena-Silvente, de l’Université de Valence, en Espagne. « La présence des immigrants a multiplié le nombre d’entreprises exportatrices espagnoles, a favorisé l’exportation de marchandises haut de gamme et a augmenté les exportations vers des pays qui ne sont pas des “cousins culturels” de l’Espagne. »
Le Conference Board of Canada ne s’est pas penché sur les effets des investissements directs à l’étranger (IDE) réalisés par les sociétés canadiennes, mais en regard des données américaines, il a conclu que l’immigration exerçait aussi un effet favorable sur les capitaux investis chez nous.
« Quand on compare les pays qui investissent au Canada et ceux qui ne le font pas, on découvre que l’immigration est beaucoup plus importante dans les pays investisseurs », fait remarquer le rapport. « On en conclut que, quelle que soit leur provenance, les immigrants stimulent les échanges commerciaux avec leur pays d’origine et contribuent à la hausse des IDE réalisés au Canada depuis leur mère patrie. »

1 commentaire:

  1. Encore de quoi rabattre le caquet aux auteurs de "Le remède imaginaire" qui concluaient, après moult gymnastiques intellectuelles, que l'immigration n'a aucun effet bénéfique sur l'économie.

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